
Il y a des moments où un pays frôle l’absurde. Et cette loi d’interprétation de l’amnistie en est un exemple criant.
Dès le départ, la loi a été mal comprise par son propre auteur, qui a dû l’expliquer, la réinterpréter, puis la modifier.
Elle a ensuite été amendée par ses collègues du même camp, preuve qu’eux non plus n’y comprenaient pas grand-chose.
Et une fois votée, elle devra encore être interprétée par les juges.
Résumons :
Une loi d’interprétation…
interprétée,
réinterprétée,
modifiée,
amendée,
et bientôt réinterprétée par la justice quand elle sera adoptée.
Ce n’est plus une loi, c’est une énigme politique, voire un piège organisé.
Comment peut-on présenter devant la représentation nationale un texte aussi instable, validé en commission par pur esprit partisan, sans rigueur, sans exigence, sans respect des citoyens ?
Nous, nous ne voulons plus de bricolage. Nous ne voulons plus d’arrangements opaques. Nous demandons l’annulation pure et simple. On repart de zéro. Et cette fois, on refait tout dans les règles de l’art, avec clarté, transparence et respect du droit.
Parce qu’à ce rythme-là, on finira par voter dans le futur une loi d’interprétation de la loi d’interprétation de la loi d’amnistie. Et certains auront encore le culot de nous dire que c’est « la voie de la stabilité ».
Mais au-delà de l’auteur du texte lui-même, le plus alarmant, c’est le comportement de ceux qui le défendent sans réfléchir.
Quand la loi a été présentée, ils ont applaudi. Quand le même auteur l’a modifiée, ils ont encore applaudi.
Peu importe le contenu, tant que ça vient de leur camp, c’est bon.
Mais comment peut-on tomber aussi bas dans le renoncement intellectuel ?
Comment peut-on abandonner à ce point l’indépendance d’esprit, le bon sens, l’analyse ?
Ceux qui ne questionnent plus rien, comment peuvent-ils prétendre condamner quelqu’un ?
À force de tout accepter, on devient le complice de l’inacceptable.
Et à force de tout soutenir, on finit par tuer les principes qu’on prétend défendre.
Il faut arrêter.
Parce que la République ne survivra pas à cette légèreté.
* Par Ameth DIALLO
Coordinateur national de Gox Yu Bees